1944/1945. Grande journée à l'école de Chenay pour les élèves qui vont passer le certificat de fin d'études. De bonne heure les élèves se sont regroupés avec leurs vélos dans la cour de l'école. La maîtresse, Melle Richard rassemble tous ses candidats et sonne le départ. Pendant le trajet de Chenay au Chef lieu de canton elle a le temps de prodiguer ses derniers conseils.

Il y a en a un dans la bande, Hubert, qui traîne un peu en queue de peloton. Il n'est pas fier car tout au long de l'année il s'est fait rabrouer par la maîtresse pour ses mauvaises notes et son comportement de trublion. C'est vrai que son tempérament d'amuseur et de bout en train ne l'a pas aidé dans son travail scolaire. Il traîne pour ne pas se faire remarquer et surtout pour cacher son inquiétude sur cette journée qui va être terrible.

Pendant que l'institutrice explique pour la énième fois l'accord du participe passé avec l'auxiliaire avoir: « si le COD est placé avant... »

Qu'est ce qu'il s'en fout, placé avant ou après, ça change quoi dans la vie...

En cours de route, la petite troupe de Chenay rejoint d'autres écoles et à l'arrivée à Lezay cela fait un joli cortège.

A l'école primaire de Lezay les classes sont prêtes pour recevoir tous ces candidats. Melle Richard vérifie que tout son petit monde a bien le matériel adéquat pour passer les épreuves. Hubert satisfait à cette vérification, aucune remarque de la maîtresse.

Le matin est réservé aux mathématiques et au français. La note zéro est éliminatoire en français et en math. Cinq fautes à la dictée c'est zéro pointé, oh la la... ! Un accent de «travers dans le mauvais sens» c'est ½ faute, bingo... ! Un signe de ponctuation oublié, ½ faute ; « et ben mon colon »comment notre camarade Hubert va s'en sortir avec des règles aussi alambiquées. Il est « dans ses petits souliers » mais rassurez-vous il n'est pas le seul.

A midi, toute cette jeunesse sort dans la cour, il n'y a pas beaucoup de sourires sur leurs visages. Pour la dictée, pas de grosses difficultés en orthographe et grammaire mais en conjugaison il y avait de l'imparfait du subjonctif que beaucoup de candidats n'aimassent pas.

En math, pas de piège pour celui qui ne mélange pas : les décalitres et les décilitres -les différents triangles -la circonférence et la surface du cercle et tout le reste...

Les enfants discutent entre eux et commentent leur travail. Hubert a sorti son pique-nique et s'est installé dans un coin de la cour avec 2 ou 3 copains. Melle Richard sort et rassemble ses élèves, leurs demande leurs impressions sur leur travail puis donne dans ses grandes lignes le corrigé des épreuves. Alors à partir de là ! Tout se mélange dans la tête de certains : l'accent aigu devient grave, le décalitre devient une chopine, tout s'embrouille...

Le casse-croûte est avalé avec nervosité car la journée n'est pas terminée. L'après-midi est consacrée aux autres épreuves : un peu de sciences, un peu d'histoire-géo, de la lecture, du calcul mental, chant ou récitation, dessin pour les garçons et couture pour les filles. Il ne faut pas négliger toutes ces matières car il faut pour être reçu : avoir la moyenne en rédaction-orthographe-calcul-sciences et avoir la moyenne à l'ensemble des épreuves. Pour couronner le tout, l'écriture est notée, pas question de faire un pâté d'encre avec son porte-plume, la maîtresse avait demandé à chaque élève de prendre 2 plumes Sergent-Major neuves.

Quand tous les candidats sont passés devant les examinateurs, ils se rassemblent par école pour préparer le retour. Les commentaires vont bon train, les expansifs sont intarissables, les timides se tiennent à l'écart et Hubert est songeur, il pense avoir une bonne note en calcul mental, parce que lui, on ne l'a pas sur les comptes.

Avant de partir, on attend les résultats. Pendant la journée les instituteurs corrigent les épreuves et le soir les résultats sont proclamés ou affichés. HUBERT reçu ! A partir de ce moment on ne le tient plus, sur le chemin du retour il caracole en tête et raconte des blagues, la maîtresse le rappelle à l'ordre parce que les autres ne peuvent pas suivre le train d'enfer qu'il impose.